Barbe-Bleue | Marion Guerrero

À l’Opéra Orchestre National de Montpellier, Marion Guerrero revisite l’œuvre de Jacques Offenbach avec les jeunes artistes d’Opéra Junior. Dans un livret adapté pour l’occasion, la metteuse en scène érode l’image martyre du prince Barbe-Bleue pour en faire émerger la réalité d’un monstre prédateur.

© Marc Ginot

Sa réputation de veuf noir a beau le précéder, Barbe-Bleue n’en a pas pour autant fui la cour du roi Bobèche. Il semble même plutôt dans son élément, dans ce royaume régi par un souverain aux airs de Donald Trump, qui ne semble plier ni sous les accusations ni sous le ridicule. Ici la politique qui fait loi est celle des courtisans, et quiconque s’y oppose est renié. L’opéra bouffe d’Offenbach recèle bon nombre de thématiques qui se lisent aisément à notre époque. Mais dans son adaptation, c’est une version sans concession que signe Marion Guerrero, en se défaisant de l’image fictive et fantasmée du seigneur de conte pour en faire un ogre prédateur, symbole d’une société dont on voudrait faire le procès.