
Le cannibalisme ne se restreint pas à l’acte de consommer une viande issue de sa propre espèce. Au contraire, cela correspond en réalité à l’une des pratiques possibles, parmi les plus extrêmes. C’est du moins ce qu’en ont écrit les philosophes et les poètes à travers les époques, faisant de cette instinctive faim d’autrui un trait caractéristique de l’espèce humaine. Pour les deux hommes venus s’aimer face public en se coupant du monde extérieur dans Cannibale, c’est précisément cette notion de dévoration qui est en question. Elle a beau ne pas se poser frontalement, elle flotte sans cesse autour d’eux comme un besoin de faire corps avec l’autre.