Entretien avec Alice Laloy

Après sa création en octobre dernier au TNP, la metteuse en scène présente “Le Ring de Katharsy” au TNS puis au Théâtre de Gennevilliers dans le cadre du Festival d’Automne.

© Simon Gosselin
Comment s’est écrit Le Ring de Katharsy ?

Alice Laloy : Ce spectacle, je le situe vraiment dans la continuité de Pinocchio(live) et de la recherche que j’ai faite avec les enfants et les performeurs sur le corps marionnettique. C’est cette espèce de présence qui se situe entre la marionnette et l’acteur. J’avais envie d’aller plus loin dans cette recherche. Dans mon travail de réflexion, j’avais déjà fait le parallèle entre l’avatar et la marionnette. C’est un lien qui est assez évident, c’était déjà un endroit possible de filiation. Il y avait aussi cette envie de continuer à travailler sur un contexte dystopique.

Et il y a plusieurs éléments très puissants qui habitent la marionnette, comme ce rapport à l’enfance, à l’inertie d’un corps qui va être animé, très vivant et très mort… J’avais aussi envie d’aller vers ce rapport à la manipulation, que je n’avais pas encore vraiment traité. En ce qui concerne la grammaire du spectacle, j’ai fait une expérience où j’ai séparé, comme en marionnette, les acteurs qui faisaient les corps de ceux qui faisaient les voix.

Cette expérience a créé des présences non-alignées qui donnaient à voir une chose assez invisible, mais qui me permettait de montrer un état dans lequel on se retrouve parfois, nous aussi, dans nos vies. C’est-à-dire qu’on n’agit pas par soi-même, on est dans de la convention, on fait des choses sans trop savoir pourquoi. C’est cette sensation rendue visible par ce dédoublement corps/voix qui m’a fait dire : « Ça doit ressembler à ça, un avatar ». À partir de là, il fallait créer le contexte fictionnel dans lequel ces avatars existent et se déploient. C’est devenu un jeu vidéo.