
La bohème n’est pas uniquement cette vie d’insouciance que l’on s’imagine aisément en marge d’une société embourgeoisée. C’est avant tout la précarité d’artistes qui attendent le succès sous les mansardes parisiennes, glaciales en hiver à défaut d’avoir les moyens de se chauffer. Dans l’opéra composé par Puccini, c’est précisément à cette population que le premier rôle est attribué, comme en opposition au milieu opératique lui-même, parfait exemple de la persistance de la hiérarchisation sociale et des fossés qui séparent les uns des autres. Il y a donc déjà, dans l’écriture même de l’œuvre musicale et de son livret, une volonté de mettre en avant non pas des héros ou des héroïnes qui se distingueraient par un destin hors du commun, mais des personnages tirés du quotidien, presque interchangeables dans leur normalité.