
On aurait presque pu ne pas entrer par la grande porte, ne pas passer par le prestigieux parvis de l’Opéra Comédie et lui préférer un passage dérobé, secret, caché. Pour rejoindre les personnages de sa pièce Negar, Marie-Ève Signeyrole invite les spectateurs à la clandestinité. « Placement libre », indiquent les billets, et pour cause : c’est seulement après avoir arpenté les couloirs de l’opéra que les spectateurs pénètrent, sur le plateau même, dans un lieu qui fleure l’illégalité, la résistance, la liberté. Ici un concert a lieu, comme une communion entre celles et ceux venus trouver une respiration dans un Iran répressif et liberticide. Tandis que les accès aux deux gradins qui se font face nous sont encore interdits, deux grands écrans diffusent en direct le visage de Shirin, perdue dans cette foule, revenue dans sa ville natale après un long exil.