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TAIRE | Tamara Al Saadi

Les lettres majuscules du titre s’imposent autant que le silence choisi par Antigone en réponse au monde qu’on lui destine. De toute façon, si sa parole était audible, elle serait immédiatement raillée et étouffée par celles et ceux qui décident : les adultes. Les innombrables versions du mythe l’ont déjà prouvé, donc autant ne rien…

© Christophe Raynaud de Lage

Les lettres majuscules du titre s’imposent autant que le silence choisi par Antigone en réponse au monde qu’on lui destine. De toute façon, si sa parole était audible, elle serait immédiatement raillée et étouffée par celles et ceux qui décident : les adultes. Les innombrables versions du mythe l’ont déjà prouvé, donc autant ne rien dire, tenter d’observer ce qui vient et chercher sa place. Dans TAIRE, Tamara Al Saadi ne se contente toutefois pas de s’emparer du récit millénaire de cette ado que les poètes se plaisent à présenter comme rebelle. Dans sa version, le destin de la fille d’Œdipe croise celui d’Eden, confiée à l’Aide Sociale à l’Enfance en raison de l’incapacité de sa mère biologique à l’élever. Des siècles ont beau les séparer, les deux jeunes filles sont confrontées au même dilemme : se conformer aux décisions des autres ou prendre possession d’une vie censée leur appartenir.